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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 12:24

Ancien Palais Episcopal des Missions francaisesLe Kursovie leva l'ancre dans le port de Londres le 27 avril 1858. Cinq mois plus tard, Henri Mouhot arrivait à Singapour et le 19 octobre enfin, il débarquait à Bangkok devant le Palais Episcopal de Mgr Pallegoix comme il nous le dit dans le début de sa relation de voyage. ( voir Documents : Henri Mouhot).

 

( Avant mon départ j'avais rencontré à Paris, le père Moussey, responsable des archives des Missions Etrangères (rue du Bac) que je connaissais déjà et qui me recommanda auprès de différentes autorités ecclésiastiques de Bangkok, ainsi, au siège des Missions Etrangères de Paris de l'avenue Silom j'eus la confirmation par le père Gourion de l'adresse de l'ancien Palais Episcopal.)

 

Quant à moi cela ne fait que 3 jours que je suis arrivé et déjà le temps presse ... il fallait bien ces quelques journées pour m'organiser ( où, quand, comment ...), trouver les lieux appropriés pour la « connection internet » et faire une demande de visa pour le Cambodge.

 

Depuis longtemps déjà, à chaque passage à Bangkok nous avions pris l'habitude de nous installer dans la même Barge de transport de sable (2)'guesthouse (auberge) tenue par un thaï fort sympathique. Sa relation privilégiée avec les Français lui avait valu le surnom de Froggy (frog = grenouille, les Anglais appelaient les Français mangeurs de grenouilles). Hélas il a disparu il y a 7 ans. Sa fille Moo avait pendant peu de temps pris le relai, mais c'est Mun qui aujourd'hui « dirige la maison ». Et je retrouve « notre chambre ».

 

Ambiance de quartier loin du chaos de Khao Sarn le vrai repaire des voyageurs ( backpackers ) en quête de vacances exotiques et festives avec un minimum de perte de repères ... (j'y reviendrai plus tard dans une lettre exclusivement consacrée à Bangkok).

 

Comme Henri Mouhot, depuis la capitale je vais prendre le chemin d'Ayuthaya. En revanche pas de possibilité « normale » de transport par le fleuve Chao Phraya; il existe bien quelques bateaux, mais ils ne sont affrettés que par des « tours opérateurs » (!!!). Je n'ai guère le temps d'essayer de trouver la personne qui connaît la personne qui me dirigera vers un capitaine de barge de fret qui pourrait ....

 

... Du coup, il reste la route et le rail. Les cars sont plus rapides et souvent plus confortables mais j'ai nettement la préférence au train qui offre l'avantage d'un voyage plus lent permettant de s'imprégner davantage des régions traversées et surtout permet un contact, certes restreint, mais plus aisé avec les autres voyageurs.

 

Hall de la gare de Hualamphong'1ère, 2ème et donc 3ème classe. La première est climatisée mais je ne supporte pas la climatisation; c'est en 3ème, plus populaire, que je circulerai. Banquette dure pour une heure et quart de trajet.

 

Allégeant mon bagage un maximum, n'emportant que le stricte nécessaire je quittais la guesthouse lundi dernier ( 3 mai) pour la gare centrale de Hualamphong par le bus n° 53 .

Malgré la pluie battante et la chaleur, c'est toujours aussi intéressant de redécouvrir cette ville si animée que je connais maintenant assez bien.

 

Après l'achat de mon billet (départ 10h05) je suis abordé par un employé des chemins de fer me demandant : «  what is your name, which country come from, where are you going ... » (quel est ton nom, de quel pays viens-tu, où vas-tu....) formule lapidaire d'entrée en matière. Puis il m'explique qu'il se rendra dans l'après-midi à une manifestation organisée par le parti des Chemises Rouges et en me montrant sa carte il m'invite à l'accompagner ... mais je dois commencer ce voyage et je décline son offre.

 

En gros, les Chemises Rouges (alliance du peuple pour la démocratie, PAD) sont les partisans du retour de l'ex premier ministre Taksin Shinawatra accusé de conflits d'intérêts et contraint à l'exil il y a 2 ans. En opposition aux Chemises Jaunes plutôt royalistes qui accusent le gouvernement actuel de collusion avec le PAD. Le premier ministre Abhisit Vijjajiva propose une politique de réconciliation avec des élections pour le 14 novembre. Situation confuse qu'on voudrait voir maintenant se régulariser et dont j'avoue ne pas bien saisir dans son intégralité.( Dans le Monde du 4 mai j'ai appris que le compromis proposé par le gouvernement avait été accepté par les différents chefs de l'opposition ).

 

 

Bateau ferry sur la riviere Pasak AyuthayaOr donc, le train, pas bondé mais presque, pas de réservation de siège. Je voyagerai donc une partie du trajet debout. Ce ne fut pas long... Ayuthaya...

 

Les vieilles habitudes de voyageur reprennent le dessus (les avais-je mises de côté ?) et très vite je trouvais une petite guesthouse sympathique, entre la gare et l'embarcadère du ferry qui permet de traverser la rivière Pasak et d'atteindre l'autre partie de la ville où sont les sites aménagés des vestiges de l'ancienne capitale.

Après un bon repas et fait la connaissance de trois jeunes Français et d'un vieil Australien attachant, d'un coup de ferry me voilà de l'autre côté et en route pour l'ancienne capitale ...

 

« Ayuthaya capitale du Siam pendant 417 ans (de 1350 à 1767), entretenait des liens privilégiés avec plusieurs pays européens. A son apogée elle contrôlait une zone plus grande que la France et l'Angleterre et mêlait culture, art et négoce. Son règne glorieux prit fin en 1767 lors de la mise à sac de la ville par l'armée birmane qui pilla ses trésors.

Le nom d'Ayuthaya vient d'Ayodhya ( l'invincible en sanskrit ) la ville du prince Rama dans l 'épopée indienne du Ramayana. Ce qui n'était au départ qu'un petit avant-poste khmer devint l'une des plus grande ville d'Asie. Les Portugais, premiers Occidentaux à y pénétrer en 1511; furent si impressionnés par sa beauté qu'ils la nommèrent la « Venise de l'Orient ».

En 1685, l'abbé de Choisy, diplomate français, écrivit qu'Ayuthaya était «  une grande cité insulaire entourée d'une rivière trois fois plus large que la Seine remplie de vaisseaux français, anglais, hollandais, chinois, japonais et siamois ainsi que d'un nombre incalculable de barges et de galères dorées à 60 rameurs. (...) Le département des Beaux-Arts entreprit la restauration du site dans les années 1950. Il fut inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1991 ». ( dans Lonely Planet Thaïlande Paris 2010).

 

Pas de mal à imaginer Henri Mouhot après un voyage en bateau éprouvant de quatre jours, harcelé par les Wat Maha That au couchant Ayuthayamoustiques, fatigué découvrant l'ancienne capitale ruinée et lire sur son visage la plus grande déception :

« Les seuls restes de l'antique cité sont un grand nombre de wats, ou temples, plus ou moins ruinés. Ils occupent une surface de plusieurs milles d'étendue et sont cachés par les arbres qui ont poussé alentour. Comme la beauté d'un temple siamois ne consiste pas dans son architecture, mais bien dans la quantité d'arabesques qui recouvrent ses murs de brique et de stuc, il cède bientôt à l'action du temps et devient, s'il est négligé, un amas informe de bois et de briques recouvert de toutes sortes de plantes parasites. Il en est ainsi des monuments d'Ayuthaya. Un monceau de briques et de terre, que surmontent encore quelques sommets, marque de la place, où, dans le temps, des milliers de croyants sont venus se prosterner devant l'autel de Bouddha ». ( H. Mouhot Le voyage en royaume ....)

 

Je ne partage pas complètement l'avis de notre explorateur, surtout quant à la beauté de l'architecture qui il faut bien l'avouer a quelque chose de remarquable. Et en ce qui me concerne cela est non seulement évocateur d'un passé grandiose mais ce chaos organisé est aussi empreint d'une grande beauté. Le calme qui y règne est propre à laisser aller son imagination et voir les bâtisseurs au travail et leur souffrance dans une vie probablement asservie et précaire.

 

Guidé par le parfum capiteux des frangipaniers et les chants des oiseaux, je déambulait et photographiait les lieux longtemps jusqu'au couchant.

  Fleurs de frangipanier.

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commentaires

A
<br /> On sent presque le parfum de cette fleur...<br /> <br /> <br />
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