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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 15:17

... Il était grand temps que je réactive ce blog, je crois ...

En 2008, l'inscription du temple de Preah Vihear sur la liste du Patrimoine de l'Humanité (UNESCO) a réveillé de vieilles  rancunes et  il  est, depuis, le théâtre d'opérations militaires et de combats sporadiques ayant causé la mort de plusieurs de personnes 

Du lundi 15 au vendredi 19 avril 2013, la Cour Internationale de Justice (CIJ) tiendra audience au Palais de la Paix  de La Haye (Pays-Bas) pour une énième demande d'interprétation de l'arrêt du 15 juin 1962 dans le litige qui oppose la Thaïlande et le Cambodge à propos du temple de Preah Vihear.

(voir tous les liens)

Une bonne occasions pour apporter quelques précisions et explications sur l'origine de ce conflit.

Trois parties seront développées, je vous livre la première : 

 

De l'origine de l'empire khmer au litige du Preah Vihear.

 

L'installation de comptoirs commerciaux sur la côte sud du Viet Nam actuel, marqua, dès le 1er siècle, le début de l'indianisation de la société khmère.

Ces comptoirs constituaient des escales importantes pur les échanges commerciaux entre l'Inde et la Chine et s'imposèrent comme une puissance maritime que les Chinois appelaient le Funan.

Entre le I er et le VIII ème siècle, ce qui n'était pas encore le Cambodge était un assemblage de petits Etats dont le Funan était le plus puissant.

L'hindouisme, avec les cultes de Shiva et de Vishnou et le bouddhisme se pratiquaient sans retenue.

                                     Terrassse du roi lepreux (3)

Shiva et Parvati (terrasse du Roi lépreux - Angkor).

A partir du VI ème siècle, les populations s'installèrent progressivement le long du Mékong et du Tonlé Sap avec le développement de la riziculture. Aujourd'hui encore, ce sont les principaux bassins démographiques.

Durant les deux siècles suivants, le pays était encore divisé en plusieurs petits royaumes que des rois autocrates dirigeaient en s'appuyant sur le principe hindou des castes.

C'est la période Chenla.

Sur un édifice de la montagne sacrée de Phnom Kulen on trouve une inscription précisant que Jayavarman II (802 – 850) se proclama monarque universel ou devaraja (dieu-roi) marquant probablement le début d'un des plus grands empires du Sud-Est asiatique.

Jayavarman II fut le premier d'une longue série de rois qui participèrent activement à l'histoire du royaume Khmer et à la construction de toutes ces villes, temples et édifices religieux qui ponctuaient l'empire.

Il fonde Hariharalaya, la première capitale d'Angkor, dont le nom signifie « lieu ou siège de Harihara » (Vishnu, Hari et Shiva, Hara réunis en une même représentation).

                                   Angkor Vat (13)

Angkor Vat.

L'essor d'Angkor trouve son origine dans la maîtrise de l'eau et d'un système hydraulique qui permit alors une irrigation importante et la construction d'importants réservoirs (baray) en prévision des périodes sèches.

Ces vastes territoires étaient difficiles à gérer et à surveiller. Au début du XI ème siècle l'usurpateur Suryavarman I er (1010 – 1050) retrouve le contrôle du royaume, marquant le début d'un essor formidable, (craint par ses voisins) et le départ de son ère florissante.

C'est à lui que l'on doit le début de la construction du temple de Preah Vihear qui sera poursuivie par Suryavarman II, dans la moitié du XII è siècle.

 

                                  Temple de Preah Vihear - Photo -The Nationjpeg

Le temple de Preah Vihear.

Ses successeurs, de Suryavarman II (1113 - 1152) le constructeur d'Angkor à Jayavarman VII (1181 – 1218) celui du Bayon et de l'introduction du bouddhisme, mettront tous les moyens possibles pour accroître la grandeur de leur royaume.

Notons que Jayavarman VIII (1243 – 1295) redevient hindouiste et entreprendra la destruction systématique des statues de Bouddha.

Les villes de Lavo (Lopburi), Sukhotai et Phimai (Khorat – Nakhon Ratchasima) était des villes administratives khmères reliées entre elles depuis Angkor par de routes souvent pavées, jalonnées de temples symboles de la puissance khmère.

                                   Wat Phra Si Rathan Mahathat XIIeme siecle Lopburi' (2)

Lopburi - Wat Phra Rathn Mahathat (XIIème siècle).

A son apogée, royaume s'étendait jusqu'aux marches de Pagan (Birmanie - Myanmar) et de Champa (Viet Nam) et inclut l'Isan actuel (province de l'est de la Thaïlande) où a été construit entre le X ème et le XII ème siècle le Phanom Rung. Ce temple montagne depuis lequel on voit la chaîne des Monts Dangrek à l'Est, se dresse comme un pendant du Preah Vihear, 150 km plein est, que se disputent aujourd'hui le Cambodge et la Thaïlande.

 

Le voyageur chinois Tcheou Ta Kouan qui arriva à Angkor en 1296 et qui séjourna un an à la cour du roi Indravarman, signale les velléités du souverain siamois qui marquent le début d'une longue série d'invasions jusqu'à la mise à sac d'Angkor en 1431.

S'en suit une période trouble sous les assauts siamois; l'élite khmère se réfugie dans la région de Phnom Penh.

Une mention au roi Ang Chan 1er (1526 – 1556) qui réoccupera provisoirement Angkor et à qui l'on doit la fin des décorations des bas-reliefs dans les parties Nord-Est de la galerie extérieure d'Angkor Vat après la victoire sur les Siamois lors de l'assaut d'un village; d'où le nom de Siem Reap qui veut dire siamois vaincus (ou en déroute).

                                 Angkor Vat (5)

Angkor Vat - Bas-relief de la galerie orientale.

A partir de 1600, une succession de rois faibles, sans cesse menacés par les dynasties rivales finissent par demander la protection des Siamois et des Vietnamiens.

 

                                 Carte Empire-Khmer

L'empire khmer à son apogée.

En 1623, Chey Chettha II roi du Cambodge, fait appel au souverain de Hué pour tenter de se libérer de la suzeraineté siamoise. Mais c'est en 1660 que le Cambodge commença à payer un tribut de vassalité au Viet Nam.

A partir de 1841, une grande partie du Cambodge fut incorporé au Viet Nam pour devenir l'Ouest cochinchinois. Après une rébellion cambodgienne et une guerre sans vainqueur entre le Viet Nam et le Siam, le Cambodge devint un condominium jusqu'à l'établissement du protectorat français en 1863.

Prochain article, deuxième partie :

La fastidieuse succession de traités et de conventions menant aux frontières actuelles.

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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 14:30

Après de nombreux mois sans avoir consulté le contenu de ce blog, je me suis aperçu qu'il n'y avait plus aucune image sur la page concernant la journée d'émission du timbre Henri Mouhot.

En conséquence, je la réédite aujourd'hui telle que je l'avais rédigée en novembre de l'année dernière.


Timbre Mouhot017

Carte de premier jour d'émission

 

Pour marquer le 150ème anniversaire de sa disparition, un timbre à l'effigie de Henri Mouhot a été émis et présenté au public à la salle de la Roselière de Montbéliard le samedi 5 novembre 2011.

Après de nombreuses demandes restées sans suite, la démarche de l'association philatélique Georges Cuvier a enfin porté ses fruits.

Réalisé par le plus jeune graveur de France, Pierre Barra, ce timbre d'une valeur de 0,89€ porte le plus classique des portraits connus du voyageur avec en fond, une représentation d'une des tours/visages du Bayon, toutefois difficile à identifier; il est vrai que les portraits de Mouhot ne sont pas pléthore ! mais enfin, on aurait pu s'attendre à un peu plus de créativité de la part d'un si jeune artiste !


Pierre Bara graveur

Le graveur Pierre Barra


Pour cette occasion, j'ai présenté  une série de photographies en noir & blanc des temples d'Angkor et j'ai donné une "mini conférence/projection" racontant mon périple dans les pas de Mouhot.

Cette manifestation aura été l'occasion pour moi, de revoir ou de faire connaissance avec quelques descendants de notre explorateur et de rencontrer enfin Jean Michel Strobino avec lequel je n'entretenais jusque là, qu'une relation épistolaire.


Pierre Mouhot

Pierre Mouhot


Deux journées pour un hommage à cet explorateur Montbéliardais resté longtemps dans les oubliettes de l'histoire. On regrettera cependant que cela ne soit pas devenu un événement national.

Ses réapparitions sporadiques (reportages, éditions etc.) entretiennent une espèce de mystère qui le fait basculer du côté de la légende mais cela ne fait que fortifier mon désir d'en savoir plus et de me rapprocher encore de ce personnage hors du commun.

________________________

 

Au fait, et pendant que je suis là, je peux dire que mes recherches ont continué et que malgré une longue pause, elles vont reprendre ... mais cela sera l'objet d'une toute prochaine page.

 

 

Timbre Mouhot020

Planche de timbres


(En parallèle, un petit album portant le même titre).


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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 20:57

Kbal-Spean 1099r

 

... après bien des recherches et des interrogations concernant la gestion des albums de ce blog, j'ai enfin découvert, par un pur hasard que le nombre des albums était compté : 20, pas un de plus, encore fallait-il le savoir car il n'y a aucune information dans ce sens. Alors à bon entendeur, salut !

J'ai supprimé quelques anciens albums pour faire un peu de place... et voilà, je vous souhaite beaucoup de joie à la découverte de ce lieu insolite que je vous ai décrit il y a quelque temps déjà.

 

     Kbal-Spean 1162r

 

...Que les Chevaux du Vent vous soient favorables !

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 09:18

Ceux qui m'ont accompagné l'année dernière dans ce périple asiatique dans les pas d'Henri Mouhot sont déjà familiers des termes (noms de lieux ou de personnes) et des particularismes culturels des contrées fréquentées.

Ce passage au Kbal Spean s'est fait au mois de juin 2010, la saison des pluie tardait à arriver et les cours d'eau étaient donc en période d'étiage. Quelques orages annonciateurs de la mousson ponctuaient une athmosphère lourde et électrique.

Le niveau du Kbal Spean s'en trouva donc fort bas; nulle cascade bondissante et pas de vasque d'eau claire pour se rafraîchir. En revanche, le peu d'eau permettait de voir tous les bas-reliefs et transformait la rivière en un somptueux miroir ou la lumière du soleil jouait avec les dégradés de couleurs ocres tapissant son lit. 

 Kbal-Spean 1090r

De 802 à 1432 les monarques khmers se sont succédés en établissant la puissance de l'empire. Angkor, la ville, comptait à son apogée 1 million d'habitants et l'empire s'étendait jusqu'en Malaisie et en Birmanie. Les centaines de temples, Angkor Vat, le Bayon, le Ta Prohm ou le Baphuon, ne sont que la partie sacrée de ce qui fut un immense centre politique, économique, social et religieux. Le reste de la ville, palais, maisons ou bâtiments publics, constructions de bois, a disparus depuis longtemps.

Les différentes guerres qui l'opposèrent aux Siamois (Thaïlande) et aux Chams (Viet Nam), l'envasement des systèmes d'irrigation (Angkor était une ville hydraulique), la surpopulation et la déforestation annoncèrent le déclin du royaume.

 

La ville fut abandonnée après sa mise à sac par les Siamois en 1431 mais n'a jamais cessé d'être un lieu de culte.

 

Les premiers explorateur occidentaux (dont Henri Mouhot) eurent la joie et la surprise de découvrir les restes des temples enfouis dans une épaisse végétation tropicale.

Kbal-Spean 1159r

 

L'hindouisme fut la religion d'État jusqu'au début du règne de Suryavarman 1er qui favorisa l'expansion du bouddhisme dans l'empire, et le redevint après la mort de Jayavarman VII (le roi des dieux-rois), vers 1219.

D'où la profusion de temples et de sites dédiés aux divinités hindoues : Shiva, Brahma et Vishnou. Le Kbal Spean en est un exemple atypique puisqu'il n'eut jamais de temple : la rivière, la roche et la forêt constituant un sanctuaire naturel.

Kbal-Spean 1148r

 

Il faut deux bonnes heures de tuk tuk depuis Siem Reap pour arriver en bas du chemin tortueux qui grimpe à travers la forêt et qui permet d'accéder, 2 kms plus haut, au site du Kbal Spean.

Ce lieu très particulier fut découvert en 1969 par l'ethnologue Jean Boulbet (membre de l'École Française d'Extrême Orient : EFEO).

 

La zone fut inaccessible de 1975 jusqu'en 1998 du fait de la guerre et des nombreuses mines antipersonnel disséminées sur ce plateau stratégique. La route nationale 67 qui rallie Anlong Veng, dernier bastion de Pol Pot et des Khmers Rouges, traverse en effet le Phnom Kulen qui est la montagne la plus sacrée pour les Khmers.

Kbal-Spean 1207r

 

A partir du XIème siècle, le caractère sacré des rivières qui du Phnom Kulen vont arroser Angkor (la Ville, séjour des meilleurs des hommes, les rois khmers). est explicité par la réalisation, sur les roches affleurantes, de ces bas-reliefs qui renforcent l'assimilation des cours d'eau, tel ici la rivière Kbal Spean, à la Ganga (le Gange), le fleuve sacré de l'Inde et la montagne, Phnom Kulen à l'Himalaya résidence des dieux.

Kbal-Spean 1162r

 

Kbal Spean signifie tête de pont et doit ce nom à un long rocher qui traverse la rivière, qu'on appelle aussi la rivière aux mille lingams.

 

L'eau du Kbal Spean donne naissance au Stung Russei, qui alimente à son tour le Stung Puok et Stung Siem Reap qui rejoint le Tonle Sap qui se jette dans le Mékong qui finit par se mêler aux eaux de la Mer de Chine.

 

Entre le XIème et le XIIIème, les rochers constituant le lit de la rivière furent sculptés des visages des divinités hindoues et jalonnés d'une profusion de lingams et de yonis, les symboles masculins et féminins du culte shivaïste, mais aussi d'animaux tels la grenouille ou le taureau (Nandi, véhicule de Shiva).

Kbal-Spean 1198r

Vishnou couché sur son lit de serpents, l'océan primordial, méditant dans son sommeil cosmique entre deux Ères. De son nombril sort Brahma sur un bouton de lotus qui va créer un nouveau monde.

Kbal-Spean 1264r

 

Je présenterai "Kbal Spean, la rivière aux mille lingams"

  à la Vème  biennale des Arts Plastiques de Franche Comté à Micropolis

 Besançon les 21, 22 et 23 octobre 2011.  

 stand 113 


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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 14:07

 Angkor Vat (12)  

 

 Mais quelle mouche avait donc piqué Henri Mouhot.

 

Henri Mouhot né à Montbéliard le 15 mai 1826 consacra les trois dernières années de sa vie à voyager du Royaume de Siam ( Thaïlande ) à celui du Laos en passant par la redécouverte d'Angkor, l'ancienne capitale khmère du Cambodge.

Les fièvres tropicales, sans doute le paludisme, ont eu raison de sa résistance : il mourut le 10 novembre 1861 au bord de la Nam Khan, un affluent du Mékong, non loin de Luang Prabang ( Laos ).

Ce voyage lui valut une reconnaissance posthume après la publication en 1863 de la première édition de son récit.1 et influença sûrement la politique d'extension coloniale de second Empire.

Pour ma part, la rencontre avec le naturaliste montbéliardais remonte à l'hiver 1998 alors que je voyageais avec mon épouse dans cette partie du Sud-est asiatique. Depuis lors, je me suis attaché au personnage avec lequel j'avais des affinités évidentes : voyageur, photographe et rêveur.

Enfin, grâce à la ville de Montbéliard et dans le cadre de utopies & innovations, au printemps 2010, je pus mettre mes pas dans ceux de Mouhot.

Le 29 avril je m'envolai de Paris pour Bangkok.

Bangkok (188)

Cela lui avait pris trois ans et coûté la vie ... je n'avais qu'un peu plus de deux mois pour, 150 ans plus tard, dresser un état des lieux en revenant indemne : pas le temps de baguenauder !

Dans l'absolu, les descriptions qu' Henri Mouhot faisait des lieux qu'il découvrait ont encore aujourd'hui toute leur pertinence ...

La chaleur, le bruit, les odeurs, les couleurs, les parfums, ... Bangkok, ville moderne à l'activité incessante, le fleuve Khao Phraya ( Ménam ) au trafic de bateaux ininterrompu, les fastes du palais royal, le dénuement d'une grande partie de la classe populaire, le commerce des pierres précieuses à Chanthaburi, les pêcheurs des îles, la forêt tropicale humide et luxuriante , la fatigue, les moustiques, la beauté des temples, la magnificence d'Angkor et, enfin, l'hospitalité et les sourires des populations, tout cela je l'ai partagé chaque jour avec lui.

Les bus, les trains et les taxis collectifs ont, depuis longtemps remplacé les éléphants et les chars à bœufs, et pendant ces longs trajets d'où je sortais rompu, je m'interrogeai sur les raisons qui avaient transformé ce jeune marié, honnête homme du XIX ème siècle et photographe, en aventurier solitaire. Nous ne le saurons jamais vraiment puisque dans ses lignes il ne se révèle pas, ou trop peu et nous nous perdons en conjectures. ... à moins que ...? ... et cela sera peut-être le début d'une autre histoire ...!

 

... Mais quelle mouche avait donc piqué Mouhot ?

  Ta Prohm (10)

1- Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indochine.

Dernière réédition chez Arléa, Paris en février 2010.

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 09:30

 

Quinson003'

 

Le 4 juin 1911 le numéro 1 du Quinson du Coinot, organe universitaire et humoristique paraissant tous les cent ans naissait de l'esprit de quelques potaches du collège Cuvier qui fêtait alors son centième anniversaire.

En ce début de siècle, l'aventure coloniale battait son plein et les nuages noirs d'un avenir incertain n'avaient pas encore troublé le ciel encore bleu azur d'un pays en pleine euphorie.

Cinquante ans après sa disparition non loin de Luang Prabang au Laos, Mouhot n'avait pas su attirer l'attention des rédacteurs de ce journal atypique et probablement unique au monde.

Et pourtant, il y a dans son récit quelques situations suffisamment cocasses qui auraient pu être racontées dans le ton du journal ...

Au mois de juin dernier, à l'initiative de Françoise Petot,que je salue et remercie au passage, nous répondions à l'appel de nos prédécesseurs en réalisant le Quinson de Montbéliard (téléchargeable sur www.montbeliard.fr voir le lien).

Quinson001'

 


Une occasion d'y faire apparaître Henri Mouhot en cette année d'anniversaire.

 


Quinson002'

Si tout va bien il se rappellera à la mémoire de nos descendants et qui sait sauront eux aussi commémorer ce qui sera alors le 250ème anniversaire de la disparition de notre illustre explorateur.

J'en profite pour annoncer qu'une manifestation lui sera consacrée lors de l'édition d'un timbre à son effigie le 6 novembre 2011. 

Pour l'occasion je serai présent et proposerai à ceux que cela intéresse, une projection/débat autour de mon périple de l'année dernière.

Une série de tirages photographiques sera installée dans le cadre de cette manifestation.

Quinson005 copie'

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 11:35

Preah Vihear (85)

 

... si les vents continuent de m'être favorables, si je réussis à susciter de l'intérêt dans les milieux institutionnels, si je parviens à obtenir les moyens de sillonner l'Europe à la recherche d'Henri Mouhot et de trouver les traces de ses activités avant son départ pour Bangkok, alors l'aventure continuera et permettra peut-être de positionner notre voyageur parmi les autres photographes de son époque.

Il reste encore tant à faire et, retrouver, photos, plaques, notes et autres documents (sans compter les manuscrits de ses notes de voyage) ne sera pas une mince affaire, ainsi toutes  les aides et les pistes allant dans ce sens seront les bienvenues.


                                                                    A bientôt, ici ou ailleurs.

 

Haw Pha Kaeo. Vientiane (5)  

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 09:50

 

M. Mouhot naviguant entre les iles du golfe de Siam. Dessin

 

 

Un voyageur ne doit ignorer aucun métier; un jour, je dus me faire tailleur de pierre pour détacher l'empreinte d'un animal inconnu de la surface d'un large bloc de granite enfoui au fond d'un torrent de la montagne. *

 

Lorsque, pour la première fois, notre lointain ancêtre se dressa sur ses pattes de derrière et que les limites visibles de son territoire reculèrent à l'infini, sa vision du monde bascula définitivement dans une nouvelle dimension.

De proie, il devint chasseur. Son instinct se développa en intelligence cognitive le transformant ainsi en chercheur s'émerveillant chaque jour un peu plus devant ce champ de connaissances qu'il n'avait , jusque là, pas pu appréhender.

Homo habilis n'a-t-il pas été le premier naturaliste ? ... par nécessité, certes, mais la curiosité avait déjà dû l'emporter plus d'une fois ...

 

La recherche scientifique correspond à un besoin de l'homme, celui de connaître et de comprendre le monde et la société dans lesquels il vit. Ce besoin n'a pas de justification économique ou politique; il constitue, en quelque sorte, l'objectif culturel de l'activité scientifique. Mais la science, même dans ses aspects les plus fondamentaux, implique une maîtrise de la nature; elle est donc synonyme de puissance. Associée à la technologie, elle est devenue aujourd'hui un enjeu politique et économique. L'apparition progressive de politiques dans ces deux domaines depuis le début du siècle [en l'occurrence le XXème ] ( mais surtout de fait après la Seconde Guerre mondiale ) a correspondu à la prise de conscience de cette réalité par les pays industriels.

Ce que nous appelons désormais la recherche scientifique ou technologique a une dimension sociale: au fil des décennies, son développement a exigé des moyens de plus en plus importants. Elle a pu croître, car elle s'est institutionnalisée et intégrée, avec ses spécificités, à la vie sociale, culturelle, économique et politique des nations.( Encyclopédie Universalis Paris 1991

 

Aristote ( 384 – 322 av JC ) et Pline l'ancien ( 23 – 79 )auteur d'une vaste compilation scientifique en 37 livres : Histoire naturelle, furent les précurseurs les plus connus. Plus proche de nous Buffon ( 1707 – 1788 ) Histoire naturelle et Darwin ( 1809 – 1882 ) Voyage d'un naturaliste autour du monde et De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle, ont ouvert la voie de la recherche dans les sciences naturelles.

 

Toutes les grandes expéditions d'exploration furent accompagnées par des observateurs attentifs chargés de répertorier la faune et la flore, de décrire les pays découverts et les sociétés primitives qui les peuplaient.

 

Henri Mouhot s'inscrit dans la lignée de ces chercheurs infatigables, souvent autodidactes, qui, très tôt, accompagnant les premiers explorateurs, ont sillonné le monde pour mieux le comprendre tout en tentant de se comprendre eux-mêmes.

 

Élevé dans une famille protestante, il entra au collège Cuvier le 16 octobre 1837 en classe de sixième comme externe et y poursuivit une scolarité normale jusqu'en juin 1844.

 

Contrairement à ce qui a pu être écrit jusqu'à présent, il ne fut pas un élève brillant et hormis un prix d'orthographe et de narration, il ne se distingua pas particulièrement. Les examens d'août 1843 le jugèrent trop faible pour passer en rhétorique et il termina donc en seconde ses études sanctionnées par un Certificat d'Études Collégiales le 14 juillet 1844. Le 5 novembre de la même année, sa mère décédait.

 

Ce n'est donc pas bardé de diplômes, comme on a pu le prétendre, qu'il quitta à 18 ans Montbéliard pour la Russie des Tsars où il enseigna le français à l'Académie Militaire de Voronej sur le Don et peut-être aussi à Saint Saint-Pétersbourg où le photographe Sergueï Levitsky, élève de Daguerre, a pu l'initier aux techniques du daguerréotype.

 

Après un périple photographique européen en compagnie de son frère Charles et son mariage avec Ann Park, il finit par s'établir à Jersey. C'est là que naîtra le projet de ce funeste voyage vers l'Asie du sud-est en lisant, très probablement les ouvrages de Bowring et de Pallegoix. Il se passionnera alors pour les sciences naturelles et se familiarisera avec les différentes disciplines qui constituaient alors le bagage de tout bon naturaliste.

 

Wipikédia nous donne une bonne définition de cette pratique :

 

Est dit naturaliste ( adjectif, mais naturaliste est aussi un nominatif ) un savant ou un amateur éclairé qui pratique la science de la nature, notamment la botanique, la minéralogie ou la zoologie.

Ce terme est apparu en 1527 à partir du latin naturalis et du suffixe -iste , il désignait à cette époque, le spécialiste d'histoire naturelle mais aussi la personne qui suit ses instincts naturels.

On nommait aussi naturaliste, au XVIIIème siècle et au début du siècle suivant, la personne chargée de récolter des spécimens d'histoire naturelle, que ce soit dans le cadre d'une expédition scientifique ou à son propre compte. Il désignait aussi par extension, une personne faisant commerce de spécimens naturels.

Le mot a été largement utilisé jusqu'au XIXème siècle avant d'être peu à peu remplacé par les termes spécifiques des différentes disciplines.

Il est usité au XXème siècle et encore aujourd'hui, pour désigner un généraliste amateur ou plus spécialisé des sciences naturelles.

M. Mouhot bivaquant dans les bois du Laos. Dessin de E. Boc

Henri Mouhot ne parvint manifestement pas à obtenir une aide des sociétés savantes parisiennes, résidant à Jersey, il se tourna vers Londres. Grâce sans doute à son mariage avec Ann Park et l'influence de sa famille, il obtint l'appui moral de la Royal Zoological Society et de la vénérable Royal Geographical Society, mais c'est à ses frais qu'il entreprit son voyage.

 

Au fil de ses différentes étapes asiatiques, il constituera d'importantes collections de spécimens d'insectes, de reptiles ou de coquillages qu'il enverra, à chacun de ses passages à Bangkok, vers Londres à l'attention d'un M. Stevens qui fut manifestement son revendeur et qui les vendra pour lui au British Museum. Ainsi put-il, grâce à ces gains substantiels, continuer son voyage.

 

... Le bateau à vapeur [ le Sir John Brooke ] sur lequel la maison Gray, Hamilton et Cie, de Singapour, avait chargé toutes mes dernières caisses de collection, vient de sombrer à l'entrée due ce port. Voilà donc mes pauvres insectes qui me coûtent tant de peine, de soins et de travail à jamais perdus !... Que de choses rares et précieuses que je ne pourrais sans doute pas remplacer, hélas ! *

Mouhotia.

Notons que, malgré sa célébrité momentanée pour la « découverte » d'Angkor à la fin du XIXème siècle, Henri Mouhot n'apparaît dans aucun dictionnaire ou encyclopédie et il m'a fallu, par hasard « tomber » sur cette définition :

MOUHOTIA;n.f. ( de Henri Mouhot n. propre ) Carabique scaratiné noir luisant, avec les élytres largement cerclées de rouge ou de vert métallique, qui habite l'Indochine, dans le Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse ( Paris 1984 – tome X – p. 7142 ), pour trouver quelque part une référence à notre cher explorateur dont le nom est porté par quelques spécimens qu'il fut le premier à observer, par exemple :pyxidea mouhotii ( une tortue ), oligodon mouhoti ( un serpent ) helix mouhotii et le susnommé mouhotia gloriosa ( des coquillages ).

 

[...] ... cependant, j'avais tracé mon itinéraire, je savais que cette dangereuse région renferme des coquilles terrestres et fluviales que je ne trouverais nulle part ailleurs [ note de bas de page : c'est de là que viennent les beaux Bulimus cambogiensis et l'Helix cambogiensis et aussi l'Helix mouhoti (note de Charles Mouhot, frère d'Henri )], et que cette tribu de sauvages presque inconnue [ les Stiengs ] m'offrirait une étude curieuse et intéressante; il n'en fallait pas davantage pour me pousser en avant. *


Planche de coquillages decouverts par M. Mouhot. Alycoeus m

 

* - Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indochine. Henri Mouhot. Arléa Paris février 2010. page 98.

* - op. Cit. Pages 223 et 224.

* - op. Cit. Page 143.

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 13:35

Launpou Bounleua007'

Après une dernière visite au cénotaphe d'Henri Mouhot sur le bord de la Nam Kam non loin de Luang Prabang, j'avais organisé mon retour vers Bangkok et la France en ménageant deux étapes : Vientiane la capitale du Laos et Nongkhaïen Thaïlande, presque en face de la première, à l'autre bout du Pont de l'Amitié qui relie les deux pays en enjambant le Mékong.

Outre l'intérêt que je portais à ces deux cités, ce choix n'était pas du tout anodin.

L'une comme l'autre abrite dans leurs environs ce que l'on nomme communément un « Bouddha Park » : Xieng Khuan( la Cité des esprits ) à Vientiane et le Sala Keoku ( la grande salle de Keoku ) tous les deux issus de l'imagination inspirée et foisonnante du même personnage : Bunleua Sulilat.

Un petit fascicule vendu au Sala Keoku, dans une assez mauvaise traduction du Thaï à l'Anglais, est une biographie dans laquelle on a bien du mal à faire la part des choses.

Il est né en 1932 à Nongkhaï, le huitième d'une famille de neuf enfants et apparaît comme ayant eu une vocation précoce le poussant vers l'étude religieuse en dépit d'une forte réticence de la part de ses parents, manifestement agriculteurs. Toute la famille migra vers le Laos dans les années 1940.

Selon la légende, au cours d'une de ses nombreuses fugues, il tomba dans une grotte où vivait un sage ermite,Keoku. Il devint très vite son disciple et dès qu'il pouvait s'échapper, il allait écouter son enseignement.

Quel que fut son itinéraire, familial et scolaire, il finit, vers sa vingtième année, par décider de quitter sa famille et s'en alla par monts et par vaux à la recherche de sa vérité à l'instar de Bouddha 2500 ans plus tôt. Il vécut ainsi en ermite vagabond pendant quelques années, se nourrissant de ce que la nature lui procurait ou de ce que les populations qu'il croisait lui offraient.

La forme d'une œuvre, syncrétisme du bouddhisme et de l'hindouisme, se profilait à l'horizon ...

Xieng Khuan. Parc des Bouddhas. Vientiane (34)

En 1958, il décida de commencer à concrétiser sa pensée et démarra la construction du Xieng Khuan; aidé par quelques disciples et utilisant le ciment et la brique comme matériaux de base, il fit surgir d'un lopin de terre non loin du Mékong, des sculptures de plus en plus nombreuses qui composent encore aujourd'hui un ensemble où se côtoient Shiva, Vishnu, Arjuna, Avalokiteshvara, Bouddha et bien d'autres représentations inspirées des mythologies des deux courants religieux.

Un édifice en forme de citrouille à trois niveaux ( Enfer, Terre et Paradis ) reliés par des escaliers intérieurs est la plus haute structure.

On y entre par la bouche grande ouverte d'une espèce de démon aux yeux globuleux. A l'intérieur, le faible éclairage de néons ou d'ampoules nues nous laisse dans une pénombre relative s'accordant bien avec une représentation des affres de l'enfer qui n'est pas sans rappeler Jérôme Bosch ...

De degrés en degrés on arrive enfin au sommet, le paradis, qui offre une vue panoramique sur le parc.

L'entrée est payante et c'est devenu une véritable attraction touristique qui attire tous les jours de très nombreux visiteurs. Quelques offrandes, çà et là, rappellent la vocation initiale du lieu ...

Après l'arrivée au pouvoir en 1975 des communistes ( Patet Lao ), Bunleua revint dans sa province natale à Nongkhaïet continua son œuvre de l'autre côté du Mékong.

Sala Keoku. Parc des Bouddhas. Nongkhai (77)

Même inspiration issue de cette tentative de syncrétisme et on y retrouve les mêmes thématiques, mais cette fois dans des réalisations plus élaborées, notamment la Roue de la Vie où l'on pénètre, comme dans la « citrouille », en passant par une bouche ouverte et immense.

Sa philosophie évoluait et le nombre de ses disciples allait augmentant. Cette ampleur se traduit par le gigantisme de certaines des statues : des Bouddhas debout et un Naga ( cobra ) géant atteignent 25m !

L'entrée est gardée par des géants de brique et de métal mais qui n'ont pas été terminés .... on dit que la maladie qui devait l'emporter en 1996 est la cause de cet inachèvement.

A la différence du Xieng Khuan, le Sala Keoku abrite un temple/sanctuaire de plusieurs étages. Salles d'expositions, de méditation et de prière ornées de portraits, « chromos » des divinités hindoues et bouddhistes, de photos de certains riches donateurs et de Bunleua à diverses étapes de sa vie.

La dépouille momifiée et embaumée de Bunleua repose au dernier étage dans une châsse de verre et ses disciples racontent que ses cheveux continuent de pousser ... Je n'ai pas, malheureusement, pu avoir accès au « saint des saints » ...

Sala Keoku. Parc des Bouddhas. Nongkhai (80)

Itinéraire de vie peu banal pour ce personnage excentrique, fantasque et captivant qui fut suivi, aidé ou simplement encouragé par de nombreux disciples qui l'appelèrent rapidement Luang Pu ( vénérable Grand Père ) qui est devenu le terme utilisé pour parler de lui aujourd'hui ...

Mais il n'eut pas que des amis et l'on parle de périodes d'emprisonnement en Thaïlande, soupçonné d'être communiste ! ... étonnant ?! Il devait plutôt déranger par sa vision très personnelle du bouddhisme mêlé d'hindouisme.

Très difficile d'être objectif tant les informations sont fragmentaires et les documents rares. Qui était-il vraiment ? Quelle est réellement la philosophie qu'il prône au delà d'une vie chaste et pure ? Bien des questions auxquelles il serait intéressant de trouver des réponses ...

Quoiqu'il en soit, reste une œuvre solide qui vaut pour son originalité et peut être rattachée à une forme d'art brut et naïf dans la lignée du « Palais Idéal » de Ferdinand Cheval ( Hauterives 26 ), du « Jardin des Tarots » de Niki de Saint Phalle ( Garavicchio Toscane ) ou bien encore du « Rock Garden » de l'Indien Nek Chand ( Chandigarh Punjab ).

Launpou Bounleua004'

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 14:31

 

En route vers Vientiane (3)

Dès que la distance à parcourir est supérieure à 100 kilomètres, il vaut mieux envisager de partir tôt. En l'occurrence, les presque 400 kms qui séparent Luang Prabang de Vientiane impliqueront une bonne dizaine d'heures de voyage.

Le ciel est chargé de nuages annonciateurs de pluie. Bus VIP, départ à l'heure, ou à peu près; la majorité de voyageurs est constituée de falangs.

Route de montagne tortueuse à très forte déclivité que notre bus, malgré sa très puissante apparence, a bien du mal à avaler.

Bientôt il se met à pleuvoir et les montagnes disparaissent dans les nuages qui finissent par nous envelopper aussi. Les hameaux succèdent aux petits villages et les champs de maïs alternent avec les bananeraies et les plantations de tek. Déforestation encore et encore; toutes les pentes accessibles depuis les habitations ont été presque systématiquement déboisées : technique ancestrale de culture sur brûlis, mais bien sûr profits plus élevés tirés du maïs ou du tek.

En route vers Vientiane (2)

Arrêt pipi en haut d'un col mais aussi pour laisser le moteur se reposer un peu. Toilettes payantes installées dans des cabanes non loin de la route, quelques échoppes et deux restaurants.

Très vite nous amorçons la descente vers la plaine en laissant derrière nous les montagnes embrumées. Le relief change au fur et à mesure que nous nous approchons de Vang Vieng et nous abordons une zone de formations karstiques en pains de sucre. Nouvel arrêt, déjeuner cette fois; le repas est inclus dans le prix du billet de bus et nous faisons la queue comme à la cantine ...

La plupart des falangs descendront à Vang Vieng, petit village devenu au fil des années le rendez-vous incontournable des fêtards et raveurs voyageant au Laos ... Dommage, c'était pourtant, il n'y a pas si longtemps encore, un lieu bien tranquille ...

Les derniers reliefs finissent par mourir dans les plaines à rizières après avoir dépassé le grand lac artificiel Ang Nam Ngum sur lequel quelques ilots boisés rappellent les 250 km2 de forêt submergés lors de la mise en eau du barrage au début des années 1970.

Il est 18h30; nous abordons enfin les faubourgs de la capitale et c'est le moment pour tous les téléphones portables d'entrer en action pour prévenir famille et amis de son arrivée ...

Vientiane (60)

Vientiane est aujourd'hui la capitale de la République démocratique populaire lao (RDPL). C'est une ville d'environ 250.000 habitants installée sur la rive gauche d'un méandre du Mékong; de l'autre côté : la Thaïlande.


En 1520, Vieng Chan succéda à Luang Prabang comme capitale du Lan Xang (Lan Xang Hom  Khao : royaume du million d'éléphants et du parasol blanc ). C'est à cette époque que furent édifiés plusieurs de ses vat, dont le Pha That Luang, marquant l'âge d'or de la cité.

Cela ne dura pas; des invasions à répétition des Birmans, des Siamois et des Chinois entraînèrent l'éclatement du Lan Xang et le déclin de sa capitale.

En 1805 les Siamois mirent sur son trône Chao Anou qui commença à restaurer la ville en y faisant construire différents monuments dont le Vat Si Saket ( 1815 ).

Vat Si Saket. Vientiane (1)

En 1828, après que le souverain se fut révolté contre les Siamois, la ville fut rasée et la plupart de ses habitants déplacés vers le Siam.

« Sur les bords du Bang Pakong [ canal reliant le Chao Phraya à la rivière Bang Chang ] on rencontre plusieurs villages cambodgiens peuplés d'anciens captifs révoltés de Battambang; puis sur le long du canal, sur les deux rives, une population, nombreuses pour ce pays, de Malais de la péninsule et de Laotiens transportés de Vien-Chan (Vientiane ), ancienne ville située au sud-est de Khorat, sur les bords du Mékong, et que les révoltes et les guerres ont entièrement dépeuplée ». p. 212 et 213.

Si donc, Henri Mouhot avait pu mener à terme son projet d'exploration, il serait probablement passé par Vieng Chan, une bourgade sans importance assoupie sur le bord du Mékong et n' aurait peut-être pas éprouvé la nécessité de s'y arrêter longtemps.

Vientiane (37)

Mais qu'étaient donc ses intentions ? ... quelques lignes précises nous laissent supposer sans craindre l'erreur qu'il projetait de remonter le Mékong aussi haut que possible, voire jusqu'à sa source, puis de le redescendre en explorant son delta jusqu'à la Mer de Chine.

« J'avais formé le projet de visiter la partie nord-est du pays, le Laos, en traversant Dong Phya Phaïe (la forêt du roi de feu) et remontant jusqu'à Hieng Naie sur la frontière de la Cochinchine, arriver aux confins du Tonkin, et redescendre le Mékong jusqu'au Cambodge, puis revenir par la Cochinchine, si la France y domine ». p.215

Plus loin, lors de son retour à Bangkok après le séjour à Phetchaburi : « ... je revins à Bangkok; d'abord, pour faire les préparatifs nécessaires à la nouvelle expédition que je méditais depuis longtemps, qui devait me  conduire de Bangkok  au bassin du Mékong, vers la frontière de Chine» p. 223

Et encore, au mois d'août 1861, au bord de la Nam Kam : « Parvenu à seize cents kilomètres au moins de l'embouchure du Mékong, je puis constater, par la masse énorme d'eau qu'il roule à travers les contreforts des grandes chaînes sur lesquelles s'appuie la péninsule indochinoise, que ce fleuve, loin de prendre ses sources sur leur versant méridional, comme l'Irrawaddy, le Saluen et le Ménam, vient de fort au-delà et sans doute des hauts plateaux du Thibet. Me sera-t-il donné de faire plus ? » p.290

De tout cela nous ne saurons probablement rien puisque son aventure se termina tragiquement à Ban Moun Savath, non loin de Luang Prabang ...

En 1863, le roi du Cambodge, pour se défendre des Siamois, réclame le protectorat français. Entre 1893 et 1907, les traités franco-siamois conduisent à la prise de contrôle par les Français de la totalité du territoire situé à l'est du Mékong. C'est à cette époque que Vieng Chandevint Vientiane.

Vientiane (11)

Une fois la cité devenue capitale du protectorat français, des travaux d'aménagement et de reconstruction furent entrepris. Bâtie selon un simple plan en damier, la ville se composait d'édifices administratifs et de demeures de style colonial qui ponctuent encore la géographie urbaine de la cité. Certains ont été entretenus et habités, d'autres en revanche sont laissés à l'abandon, squattés en attente peut-être d'être revendus et rénovés.

« En 1928, la ville ne comptait que 9.000 habitants – pour beaucoup des administrateurs vietnamiens nommés par la France. Ce n'est qu'à la fin de la seconde Guerre Mondiale que la population de Vientiane commença à croître grâce à l'arrivée, sous divers prétextes liés à la guerre froide, d'experts français puis américains, et d'un afflux de dollars.

Après une succession de coups d'État dans les années 1960, Vientiane était devenue au début des années 1970, une ville où tout pouvait arriver. Ses quelques bars étaient fréquentés par une étrange clientèle composée d'agents secrets et de correspondants étrangers.

Comme on pouvait s'y attendre, la situation changea radicalement avec l'arrivée du Pathet Lao ( PL ) en 1975. Repaires d'espions, les discothèques fermèrent en premier, puis Vientiane sombra dans une torpeur ponctuée de quelques concessions au communisme, dont une collectivisation modérée et, dans un premier temps, une répression du bouddhisme.

Aujourd'hui quelques édifices sans grâce de style soviétique constituent les principaux témoignages de cette période. La situation s'est améliorée dans les années 1990 et, au cours des dernière années, Vientiane a vu une relative augmentation des constructions, ainsi que le développement du réseau routier et de la circulation » Lonely Planet Laos. p.84

Vientiane (28)

En 1997, lors de notre première visite à Vientiane, et c'est alors que Mouhot est entré dans ma vie, nous avions eu, en découvrant la ville, le sentiment de nous déplacer dans une tranquille préfecture ou sous préfecture métropolitaine; loin du vacarme et de la pollution de Bangkok, nous appréciions beaucoup nos petite balades qui, invariablement, nous menaient au couchant sur la rive du Mékong.

De nombreuses gargotes, buvettes ou restaurants y étaient installés et c'était un vrai plaisir de s'installer là en contemplant le soleil se coucher entre Laos et Thaïlande.

La circulation automobiles était extrêmement limitée, un peu de poussière, quelques petits chantiers d'aménagement urbain, des restaurants français, deux ou trois pizzérias, une cave à vin, bref pas trop de mal à imaginer l'ambiance coloniale nonchalante de l'entre-deux guerres, à l'époque où le guide Madrolles n'ait pas encore été supplanté par le Routard ou Lonely Planet ...

Treize ans plus tard, à part quelques nouveaux immeubles plus modernes, l'ambiance de la ville est la même mais un énorme chantier est en train de défigurer le bord du Mékong. Toute la journée et jusque tard dans la soirée, des norias de camions charrient des tonnes de terre à remblai que les engins étalent, nivellent et compressent.

Vientiane (24)

La municipalité s'est lancée dans des travaux d'aménagement des berges qui deviendront à terme de belles promenades bétonnées, avec pelouses et arbres, mais le fleuve est désormais bien loin de la ville ... Peut-être pour rivaliser avec sa voisine thaïlandaise Nongkhaï qui, depuis l'autre côté du fleuve, nargue tous les soirs de ses feux la capitale laotienne ...

Il n'empêche que l'endroit est tous les jours très fréquenté, avec une affluence remarquable en soirée et les dimanches. Les curieux se pressent tout le long de l'immense chantier que les lumières du couchant finissent par sublimer ...

Quelques belles balades tout de même avec les visites de quelques uns des nombreux temples qui ponctuent la cité de leurs toits pagodés élancés et colorés : Vat Si Saket, Haw Pha Kaeo et Pha That Luang.

Vientiane (15)

Le Patuxai est un des monuments très fréquentés de Vientiane d'autant plus que maintenant il est entouré par un grand jardin public avec un bassin et son jet d'eau autour duquel se pressent, le soir venu ou les week-ends, les citadins ou les visiteurs occasionnels. De très nombreux photographes proposent aux badauds d'être photographiés avec en fond le monument et le jet d'eau.

Cet espèce d'Arc de Triomphe, fut édifié dans les années 1960 avec du ciment américain qui était censé servir à la construction d'un nouvel aéroport, d'où son surnom de « piste verticale » !

Après quelques jours passés en la capitale il fallut bien songer à quitter le Laos.

Le mardi 29 juin, assez tôt me voici donc à attendre un bus à destination de Nongkhai à la gare routière de Talat Sao. Dernières impressions laotiennes. Les allers et venues des vendeuses de sandwiches baguette/pâté, les gamins tentant de vendre quelques paquets de chewing-gum ou des briquets, la nonchalance apparente des policiers de faction, les bus déglingués, quelques moines en partance et les inévitables tuk tuk ...

Vientiane (95)

Nous embarquons dans le thai/lao international bus et très vite nous sortons des faubourgs de la ville qui n'est pas très étendues. Une vingtaine de kilomètres plus loin, nous arrivons au pont de l'Amitié lao-thaïlandaise ( Saphan Mittaphap Thai-lao ) qui enjambe le Mékong; de part et d'autre, les postes frontières respectifs. Le bus nous dépose côté laotien pour que nous accomplissions les formalités de sortie, puis nous cueille pour nous mener au poste thaïlandais où s'effectuent les formalités d'entrée en Thaïlande. Aucune complication, rien ne paraît plus facile; on note simplement un peu plus de rigueur et de discipline et la présence d'un dispositif militaires côté thaï.

Courte étape à Nongkhaï, le temps de me procurer un billet de train en couchette pour mon retour à Bangkok le lendemain soir. Une bonne journée et demie donc pour retrouver mes repères dans cette ville où nous nous étions arrêté il y a dix ans. Elle non plus n'a pas beaucoup changé et il fait toujours aussi bon flâner le soir sur le bord du Mékong dont la berge est aménagée en promenade ...

Nongkhai (12)

Mais j'aurai pu sauter dans le train de nuit le soir même de mon arrivée ... en fait je voulais surtout retourner dans un des sites les plus étranges qu'on puisse trouver en Asie ...

Il s'agit d'un parc, surnommé Bouddha Park; le parc des sculptures de Sala Kaew Kuest l'œuvre d'un laotien Luang Pu(= vénéré grand père ) Bunleua Soulilat( mort en 1996 ) et le prolongement de celui de Vientiane le Xieng Khuan. Vingt années furent nécessaires à sa réalisation. Sculptures gigantesques en briques et en béton qui mêlent les figures des mythologies bouddhistes et hindouistes. Une espèce de facteur Cheval asiatique dont l'œuvre, d'un côté comme de l'autre de la frontière, mérite largement les détours que j'ai fait et qui seront bientôt le sujet d'une prochaine lettre ...

Nongkhai (6)

 

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